CE MURMURE CONTINU

Dans le contexte d’une société où l’avortement s’est lentement imposé comme plateforme politique et religieuse, Ce murmure continu choisit d’aborder le sujet comme un choix complexe et plus nuancé que les discours binaires auxquels nous avons été habitués.

Les raisons d’avorter sont infiniment variées et uniques. Il y a autant de bonnes raisons d’avorter que de ne pas le faire. Or, le débat s’est tellement polarisé, qu’il est devenu difficile d’exprimer des sentiments ambivalents dans la sphère sociale sans craindre d’être remis en question, aussi bien par les opposants que par les partisans du droit à l’avortement. Des enjeux similaires peuvent émerger au sein du couple, où, devant ces mêmes ambiguïtés, des récits antagonistes et des silences se cristallisent. Car l’avortement n’est pas seulement l’affaire des femmes. De nombreux hommes sont affligés de la perte ou des procédures médicales, malgré que cette expérience ne s’inscrive pas dans leur corps. La complexité des liens tissés, à la fois dans le vivant et le non vivant, se révèle ainsi au-delà des identités, de l’espace et du temps.

Le sang des autres

Des amorces dans les étoiles

Prémices

Droit de veto

Territoires contigus

Hiatus

Devenir non vivant

Chimère

Le test est positif.

Deux lignes roses côte-à-côte. Le contentement qui caresse l’affliction.

Enchantement à imaginer la vie en soi. Désenchantement en imaginant la vie devant soi.

Je fais un choix.

L’intervention est d’une banalité absolue.

Une simple procédure médicale un mercredi matin.

Son ressac sous-jacent, lui, en est autrement.

Une fois la chimère logée en moi, incrustée dans mes organes, elle se multiplie indéfiniment.

Cellule après cellule. Indéfiniment.

Dans mes organes. Mon cerveau.

Telle une créature mythologique,

lion, chèvre, serpent

je porte en moi l’ADN de cet être non-vivant et la moitié du code génétique de son géniteur.

Cette empreinte génétique porte le nom scientifique de cellule chimère.

Lion, chèvre, serpent

se multipliant en moi.

Son phénomène est particulièrement répandu après un avortement.